«Ce qui rapproche le juriste Carl Schmitt de Hegel, c'est un refus radical du
juridisme. Comme Hegel, il rejette la séparation abstraite du droit et de la politique,
qui recouvre souvent en fait la subordination du droit à une politique, quand bien
même celle-ci se pare du vêtement de la morale. C'est en des termes voisins que
Schmitt et Hegel repoussent les abstractions normativistes, universalistes et
moralistes.»
L'intérêt que rencontre aujourd'hui la pensée de Carl Schmitt tient
d'abord à la critique qu'il mène de la doctrine de l'État de droit et des
représentations libérales qui forment son assise. Son ralliement au
national-socialisme, conséquence éventuelle de sa réflexion théorique,
rend nécessaire la discussion de ses arguments. Pour
J.-F. Kervégan, la confrontation avec la philosophie de Hegel révèle les
limites de son postulat décisionniste, selon lequel l'ordre normatif du
droit repose sur une décision irréductible à toute rationalité. En retour,
cette confrontation éclaire la signification profonde de la philosophie
politique de Hegel et permet d'en mesurer l'actualité.