Après Bula Matari de Vincent Geens («Cahier Henri Storck» n° 1), le segment de l'avant-garde au documentaire social : questions cette fois de définitions et de genres cinématographiques, d'esthétique et d'engagement personnel, de contraintes et de liberté, de contexte historique et d'influences cinéphiles. Entre les deux remarquables premiers «films de montage» du cinéaste ostendais (Sur les bords de la caméra et Histoire du Soldat inconnu) et l'écriture grinçante et fantaisiste de la Courte Echelle, l'étude de Laura Vichi aborde un ensemble d'une dizaine de films, qu'elle confronte aux états progressifs du scénario et à divers matériaux (entretiens, correspondance, notes de travail...) qu'elle analyse avec minutie et synthétise utilement. Un appareil critique imposant, de nombreuses références, des emprunts à la presse de l'époque et des conversations inédites (avec Storck et avec une protagoniste de Borinage) complètent ce travail, approche méthodique du «sens du social» d'Henri Storck et, au-delà, hommage rendu à son profond humanisme.