Réflexion sur la méthode de l'interprétation des œuvres, l’herméneutique critique s’attache à restituer dans son contexte historique la visée des auteurs. Pour elle, les œuvres ne sont pas des représentants d’une entité préexistante, que ce soit une tradition, un esprit national, une ontologie ou une révélation, mais des actes d’innovation. En instaurant une distance par rapport à un contexte, une œuvre se constitue dans sa puissance de dire. Elle est porteuse d’une subjectivité, d’un jugement marquant cette distance. L’herméneutique critique prend en compte cette distance introduite par l’œuvre, qui est aussi une puissance de rupture. L’herméneutique critique a été exemplairement développée par le comparatiste Peter Szondi et le philologue Jean Bollack. En introduisant leur rapport au poète Paul Celan, qui leur était proche, l’ouvrage reconstitue un contexte intellectuel original et peu connu en France entre l’héritage de la Théorie critique sensible chez Szondi, la poésie de Celan et le renouvellement de la philologie conduit par Bollack. La réflexion théorique est ainsi replacée dans un contexte international caractérisé, dans les années 60 et après, par le besoin de réintroduire la dimension de l’histoire dans les formes abstraites de l’expression et de l’analyse.