Le mythe du « héros cornélien » a longtemps dominé la scène critique, avant de laisser place à une approche plus dramaturgique des personnages de Corneille, au pluriel, et pièce par pièce. Au passage, la notion même d'héroïsme cornélien s’est trouvée légitimement interrogée. Le héros doit-il se dissoudre alors dans le personnage, fût-il principal, voire dans le type, l’emploi, le rôle ou la place ? Corneille le distingue pourtant, ce « premier acteur » pour lequel le spectateur a de « l’amitié » ; ou plutôt il les distingue, héros et héroïne, tant le théâtre de Corneille est une « dramaturgie du couple » (Marc Fumaroli). Si l’éclat de l’héroïsme demeure manifeste, très concrètement construit - ou mis en question - sur la scène par le jeu des regards, des discours et des voix, son contenu demeure problématique : volonté, vertu, hauteur, point d’exception ? Pour quelles valeurs, et au prix de quels risques choisirons-nous encore aujourd’hui de parler de héros, ou de personnages de Corneille ? Ces questions orientent la réflexion collective que propose ce volume, issu d’un colloque international organisé par le CEREDI et le Mouvement Corneille à l’université de Rouen.