À travers cet ouvrage, se raconte l'histoire du long fleuve «non tranquille»
qu'est la notation musicale et se discutent les enjeux de sa stabilisation, de
sa remise en cause et de la naissance de nouveaux principes de transcription.
Les auteurs ont interrogé les sources pour comprendre comment la «notation
moderne» a dû se construire parallèlement à la survivance de l'écriture
proportionnelle de la Renaissance, des tablatures et d'autres conventions
archaïsantes ; comment, au-delà de la nécessité d'un «universalisme»
rassurant qui émerge vers 1750 et perdure sur une large partie du XIXe siècle,
elle est restée attentive à une identité nationale culturelle ; comment, pour
répondre aux exigences des nouvelles formes d'expression du XXe siècle, se
sont développés d'autres procédés de notation faisant appel au graphisme et
au verbe, parfois dans une optique raisonnable et constructive, parfois dans
un esprit contestataire peu propice à la pérennisation.
L'individualisme des courants, leurs contradictions internes, la subtilité des
évolutions, les conventions supposées connues et dénaturées n'ont pas
simplifié notre démarche. Mais la simplicité ne sied pas à l'histoire de la
notation musicale, qui n'est rien moins que le miraculeux résultat d'une
codification à vocation «universelle» des formes d'expression les plus
diverses de la pensée musicale, en somme une sorte d'utopie dont la survie
dépend d'une sagesse consensuelle.