Avec cet ouvrage, Tania Modleski propose, sur un cinéaste depuis longtemps adulé par la cinéphilie française, des vues complètement nouvelles qui réconcilient les approches socioculturelles et esthétiques, si souvent antagonistes en France. A travers l'analyse détaillée de sept films phares de sa longue carièrre, Chantage, Meurtre, Rebecca, Les Enchaînés, Fenêtre sur cour, Vertigo et Frenzy, elle montre que le propos central d'Hitchcock concerne la construction sociale et psychologique des identités et des rapports de sexe, et que sa capacité à s'identifier et à nous faire nous identifier à des protagonistes aussi bien masculins que féminins exprime l'ambivalence fondamentale de son rapport aux femmes. Ni misogyne, ni féministe, Hitchcock nous émeut parce qu'il nous renvoie à nos propres contradictions et à nos propres souffrances. Cet ouvrage est une contribution majeure aux débats théoriques sur les représentations des identités et des rapports de sexe au cinéma et sur le rapport du film à ses publics, au-delà des positions manichéennes auxquelles se réduit trop souvent ce débat.