Ce récit posthume de Jacques Chessex aurait pu s'appeler : La mort du voisin. En effet, lorsqu'un voisin âgé meurt de sa mort naturelle, et qu'une cérémonie en français et en allemand a lieu dans la chapelle du village, il s'y rend. Tout le talent de l'écrivain va consister à rendre la palette d'émotions qui le saisissent et nous saisissent.
Bonheur et honte de survivre, et certitude, hélas, de ne pas survivre longtemps : « Vide et béance, la folie gagne, je tomberai sur le sol noir au sortir d'ici, à la lumière éblouissante du grand jour, tous ils verront ma chute et passeront sans m'appeler. » Mais aussi, le retour du passé, en images fulgurantes et superbes, un fou qui hante les rues de Ropraz, un visage de jeune homme suicidé, une amante et consolation du narrateur, dénommée Blandine, au sexe de miel.