Un livre en miroir : Krzysztof Pomian, qui n'est pas un
arabisant, mais un historien de l'Europe, aborde Ibn Khaldûn
dans une perspective inattendue - en contrepoint de l'Occident.
Après avoir mis en relief l'intérêt d'Ibn Khaldûn pour la
chrétienté latine, Krzysztof Pomian en esquisse la carte intellectuelle,
aux alentours de 1378, date à laquelle Ibn Khaldûn
achève la Muqaddima, sa vaste Introduction à son grand oeuvre,
le Livre des Exemples : de Constantinople à Paris, d'Oxford à
Padoue et Florence, à l'heure du Grand Schisme d'Occident.
De la présentation de l'histoire de l'islam que fait Ibn
Khaldûn et des rapports de sa pensée entre l'islam et l'aristotélisme,
une image fraîche et renouvelée se dessine. Passant de la
critique historique à la science de la société, Ibn Khaldûn procède
ainsi à une «entreprise entièrement neuve» : construire
une science et la situer parmi les autres sciences, en la fondant
sur l'idée qu'il se fait du temps de l'histoire, du temps des
sciences et de l'histoire universelle.
Pour finir se dégage ce qui fait le caractère extraordinaire
d'Ibn Khaldûn, et les questions qu'il se posait s'avèrent les
mêmes que celles que se posaient ses contemporains latins.