La salle des portraits de l'Historial de la
Grande Guerre est placée au centre du musée
comparatiste : ses autres salles s'enroulent
autour d'elle et lui fournissent une clarté qu'elle
absorbe comme un trou noir. Sa base carrée la
conforte dans le rôle de pivot, et les dimensions
de ses côtés (quatorze mètres) et de sa hauteur
(sept mètres) donnent à la pièce un aspect monumental
dont la verticalité tranche avec l'horizontalité
du parcours muséographique. Après une
fracture de lumière par laquelle l'architecture
marque le passage du XIXe au XXe siècle - en
opposant le béton du bâtiment de Ciriani aux
briques du Château de Péronne -, elle est un
passage obligé entre la première salle, consacrée
à l'avant-guerre, et la seconde, qui traite de la
période 1914-1916.
Devant la série d'eaux-fortes «Der Krieg»
de l'expressionniste allemand Otto Dix, on y
découvre d'imposants portraits de civils, photographiés
quelques semaines avant l'embrasement
du conflit dans plusieurs des futurs pays belligérants.
Face à ces visages et ces silhouettes, face à ces
regards d'innocence, le poète Henri Meschonnic
s'est arrêté.
Thomas Compère-Morel