Des milliers et des milliers de fois, dans son enfance
et plus tard dans sa jeunesse, passées toutes les deux
dans le désert, il avait essayé de se représenter cela :
sauver un être de la noyade. Certes, il fallait une bonne
dose d'imagination, mais d'un autre côté, ce n'était pas
non plus si compliqué que cela ; dans sa tête, Fadoul
teignait en bleu l'étendue infinie de sable qui l'entourait,
faisait tomber de la pluie et dans ses rêves, les branches
des palmiers devenaient des algues sous-marines vertes,
mais tandis qu'il s'abandonnait encore à ses pensées, une
femme, dans cette réalité inhospitalière où il s'apprêtait
à tremper son gros orteil, se trouvait visiblement en
danger de mort, et il se rappela qu'il ne savait pas nager.