Depuis la fin de l'année 2010, la légitimité des pouvoirs en place a été mise à mal dans de nombreux pays arabes. Des manifestations de masse ont cherché, avec plus ou moins de réussite, à défaire la violence d'État devenue, au fil du temps, une procédure naturelle de gouvernement des hommes. Mais ces soulèvements populaires ne doivent pas être interprétés comme des « réveils », des « printemps » ou des « révolutions ».
Éloigné des thèses idéologiques sur la « glaciation islamiste » ou sur les « révolutions arabes » comme nouveaux modèles d'émancipation, cet ouvrage analyse les transformations en cours dans cette région du monde d'abord comme des transgressions symboliques produisant un effet émancipateur, parce qu'elles font croire à l'incroyable et permettent de penser l'impensable.
Quelles sont les conditions qui doivent être réunies pour que ces sociétés, que l'on dit arabes, inventent en chacune d'elles un espace démocratique ? Tel est l'enjeu fondamental des derniers soulèvements. La tâche actuelle est aussi immense qu'urgente, puisqu'il s'agit de comprendre ce qui est arrivé et d'anticiper sur le probable ou l'inévitable.