L'Israël des origines, celui des pionniers, celui de la Shoah,
est révolu. L'Israël actuel s'est construit avec d'autres repères
et d'autres influences. Il vit désormais dans un cyberespace
au coeur d'une mondialisation de plus en plus asiatique.
Pendant que le reste du monde continue à prononcer les
formules magiques de «processus de paix» et de «feuille de
route», les Israéliens se pensent ailleurs, loin de leurs voisins
palestiniens, loin des vieilles références occidentales. Il y a
désormais un Israël en dehors d'Israël, celui de ses hommes
d'affaires qui investissent aux quatre coins du monde, celui
de ses intellectuels et artistes délocalisés et celui de ses ultra-religieux
omniprésents voyageant dans leur propre
espace-temps.
Quelle direction peut bien prendre un pays à la croissance
économique insolente où la modernité high-tech coexiste avec
l'orthodoxie religieuse la plus stricte, la mémoire des hommes
avec celle des ordinateurs ? Où mène ce postmodernisme
étonnant ? Quels sont les revers de cette médaille ?
Nul ne le sait et sans doute pas les Israéliens eux-mêmes.
Mais une certitude s'impose : Israël a déménagé.