Le sionisme politique moderne est porteur
de deux notions primordiales, dont la France
pourrait et devrait s'inspirer. La première est
que la reconstruction d'une nation n'est possible
qu'en acceptant son passé et en transformant
cette nécessité en vertu. Le sionisme, même
dans ses factions socialistes ou progressistes,
a tenu compte d'un héritage, d'une culture
ancienne dont la clé de voûte est la révélation.
La seconde idée déterminante du sionisme
est qu'il a fondé la renaissance juive sur
la restauration de la fierté. «Le sionisme politique
se souciait principalement de laver les Juifs
de leur déchéance millénaire, de retrouver
la dignité juive, l'honneur ou la fierté d'être juifs.»
Hannah Arendt avait parfaitement analysé
la force de ce ressort pour résister à
l'individualisme forcené des temps modernes.
«Car l'honneur ne s'obtient pas grâce au culte
de la réussite ou de la célébrité, en cultivant
son propre moi, ni même sa dignité personnelle.
Il n'y a qu'une seule échappatoire au déshonneur
d'être juif : lutter pour l'honneur du peuple juif
tout entier.»
Israël et la France ont quelque chose en commun,
que les troubles et les secousses de l'histoire
ne doivent pas nous faire oublier. Elles ne
subsistent que grâce à une fidélité authentique à
leurs origines spirituelles, ou à ce que l'on pourrait
nommer une tradition, non pas comme un savoir
qui se transmet, mais comme l'acte même
de transmettre. Israël a une culture, des coutumes,
des moeurs - comme la France - mais sa véritable
substance se trouve dans sa fidélité à son destin.
Le déclin français s'accélère et risque de tourner
au chaos. Seul un regard haut vers la nation qui
lui fit don d'une part de son élection, et qui, grâce
à elle retrouva sa liberté, peut sauver la France
d'une défaite morale et d'une dislocation politique.