Italo calvino et le livre des romans suspendus
Si par une nuit d'hiver un voyageur
« Lecteur et Lectrice, vous êtes à présent mari et femme. Un grand lit conjugal accueille vos lectures parallèles.
Ludmilla ferme son livre, éteint sa lampe, abandonne sa tète sur l'oreiller, et dit :
- Éteins toi aussi. Tu n'es pas fatigué de lire ? Et toi :
- Encore un moment. Je suis juste en train de finir. Si par une nuit d'hiver un voyageur, d'Italo Calvino. »
Si le livre des romans suspendus était en quête d'unité, cette unité ne pouvait se réduire à l'uniformité. L'esprit de la variation devait l'emporter sur la simple redite. L'épilogue offre une charmante modulation sur l'oreiller (sul guanciale). Il y a mieux que la promesse, l'irradiation d'un simple bonheur. Bonheur d'un mariage qui n'empêche pas chacun des conjoints de conserver sa personnalité. Bonheur de lecture, d'une lecture qu'on peut partager mais qui, en définitive, n'appartient qu'à moi.