Jacqueline Audry
Qui se souvient aujourd'hui de Jacqueline Audry (1908-1977), réalisatrice de seize longs métrages entre 1946 et 1969, ce qui en fait sans doute la femme la plus prolifique de l'histoire du cinéma français ? Dans cette période de l'après-guerre où elle débute derrière la caméra, « creux de la vague » d'un féminisme peinant à surmonter le retour de bâton qui suit la Libération, elle adapte notamment Colette, Sartre et Victor Margueritte, dans une démarche féministe étonnante vu le contexte idéologique de l'époque. Son parcours est exceptionnel au sein d'une industrie cinématographique française qui connaît de nombreuses mutations, du cinéma des années trente à celui de l'Occupation, de la « tradition de qualité » sous la Quatrième République à la Nouvelle Vague et l'émergence d'un cinéma « au masculin singulier » sous la Cinquième. Rompant avec la traditionnelle trinité « l'homme, sa vie, son oeuvre », cet ouvrage veut ancrer son parcours dans ces contextes spécifiques, évaluer la part du collectif dans l'individuel, prendre un itinéraire singulier comme révélateur d'une histoire plus vaste, des débuts du septième art à nos jours. Grâce aux outils et théories issus des Cultural et Gender Studies entre autres, ce livre propose une démarche intellectuelle originale et offre de nouvelles perspectives sur les films et son auteure, les genres cinématographiques et leurs personnages, les questions de réception, de transmission et de postérité.