Avec cet ouvrage autobiographique, Christine Pellistrandi sort du registre biblique et historique auquel elle nous avait habitués. Elle se livre ici avec le souci de témoigner de la foi qui a soutenu son engagement de femme et de théologienne dans un monde qui bougeait vite. À travers son propre itinéraire, elle nous retrace l'évolution de l'Église quant au statut et à la place des femmes depuis le Concile Vatican II.
Or, contrairement à ce qu'une vision postérieure idéalisée pourrait nous faire croire, il n'a jamais été facile dans l'histoire récente de l'Église ni d'être une femme ni d'être une chrétienne engagée. Cela a toujours été un combat et le témoignage de l'auteure permet de comprendre bien des enjeux concernant les difficultés actuelles de l'institution ecclésiale à se remettre en cause et à se réformer. En mesurant le chemin parcouru, elle pointe avec délicatesse mais sans fard que les résistances à la participation des laïcs sont moins de l'ordre de l'évolution de la foi ou des moeurs que du fait des habitudes culturelles internes, devenues structurelles, à imposer une manière de faire et de penser sans jamais la remettre en cause.
Ce livre illustre aussi à quel point ce combat n'est jamais terminé. À la faveur de quelques portraits de rencontres faites par l'auteure, on mesure à quel point les avant-gardistes d'hier peuvent être les conservateurs du lendemain, non pas tant parce que la société évolue vite que parce qu'elle évolue tout court et que le mouvement de la foi et de l'engagement ecclésial implique de ne jamais s'arrêter.
À un moment où l'Église se débat dans des scandales et s'essaie à la synodalité, voilà un livre qui aide à prendre de la hauteur et à saisir un certain nombre d'apories auxquelles nous sommes actuellement confrontés.
Un témoignage vivifiant.