Jardin des Voix
Pour donner à entendre le silence, le poète ne doit pas le briser mais le faire vibrer. Cherchant à exprimer ce qui déborde les pouvoirs du langage, Pierre Thibaud se garde de l'emphase et des éclats de voix : il préfère « parler bas » et rester sobre, pour suggérer en peu de mots ce qu'un discours trop sûr de lui échoue à dire. Il maintient le poème « à la croisée de l'immense et du rien », « du vide et du plein ». Sa parole est « tissée de silences » et c'est cela qui lui donne sa « résonance ». Sa poésie est, comme celle de Mallarmé, « musicienne du silence ».
Il y a dans ses poèmes comme un tremblé du geste et de la parole, qui nous restitue l'émotion fondatrice de ces moments où le monde et la vie vacillent entre l'être et le non-être, à l'orée des commencements, dans les fulgurations de l'amour ou sous les menaces de la mort.
Michel Collot