Dans Je suis l'Empereur de Chine, Su
Tong réinvente l'histoire aux couleurs
rouge et or de la légende, tel un songe
fastueux et cruel qui se dissiperait tôt
au réveil. Ou comment Duanbai, destiné
à une vie de prince insouciant et oisif,
hérita à quatorze ans du trône d'empereur.
Comment il vit ce monde doré se couvrir
du sang des manigances et des trahisons,
avant de perdre son trône et de devenir
funambule dans un cirque, souverain de sa
propre vie, et après bien des vicissitudes,
d'achever ses jours dans un monastère
perdu dans la montagne, «étrange moine»
qui, la nuit, étudie et, le jour, «sur une
corde tendue très haut entre deux sapins,
se tient immobile dans la position du
héron».
Ecrit dans un style très cinématographique,
ce roman qui puise aux images de la Chine
éternelle mêle aux plaisirs du romanesque
une parabole sur les jeux du pouvoir et
de la liberté humaine. A la rencontre de
l'histoire et de l'imaginaire, un roman
éblouissant, qui serait comme «un rêve
effrayant pendant une longue nuit de
pluie».
«Une belle méditation sur l'éphémère»
(Thomas Régnier, Le Nouvel Observateur).