«Vieillir chez soi» est non seulement une revendication
individuelle, émanant de la plupart des personnes
approchant le grand âge. C'est aussi une injonction politique
(voir le projet de loi qui devrait être appliqué dès 2016) :
ce serait l'option la plus économique pour vivre longtemps.
Cette unanimité autour du vieillissement à domicile a
tendance à faire oublier ce que recouvre l'expression «vieillir
chez soi» : indépendance, certes. Mais aussi isolement
et difficulté à maintenir son autonomie. Aujourd'hui pour
que des millions de personnes âgées puissent vieillir chez
elles, il faut qu'elles aient la possibilité de recourir aux
compétences de professionnels, les auxiliaires de vie sociale.
Sans Fatiha qui fait ses courses. Suzanne ne mangerait plus
de fruits frais. Sans Johana qui l'aide à se préparer pour
la nuit, Lucienne dormirait toute habillée. Sans Philippe qui
fait la toilette de Monique, Jacques ne pourrait plus garder
sa femme auprès de lui. Sans Halima qui boit le café avec elle,
Arlette traverserait les jours sans parler à personne.
Indispensables au maintien à domicile, les auxiliaires
de vie sociale font cependant partie des travailleurs
invisibles. Leur profession est mal identifiée et pas du tout
valorisée. Hâtivement définie comme «dure». Et si ce qui
la rendait dure, c'était la façon dont elle était perçue ?
Et pas reconnue comme elle mériterait ?
Ce livre, construit comme un reportage, constitué
de portraits, d'interviews et de points de vue
de spécialistes du grand âge, dépasse les clichés,
et présente une vision de la vulnérabilité liée
au grand âge, où les auxiliaires de vie apparaissent
comme des sentinelles attentives à la vie...
quelle qu'elle soit.