Jean Jaurès incarne à lui seul, "le socialisme républicain", le combat pour la paix et l'éloquence parlementaire. Mais derrière cette imagerie officielle, se dissimulent une oeuvre majeure et une pensée philosophique, dont la méconaissance n'en finit pas de se vérifier. Cet ouvrage tente d'en reconstituer la cohérence.
Car le socialisme de Jaurès était, contrairement à bien des idées reçues, un individualisme et un spiritualisme - deux raisons suffisantes pour heurter ses lecteurs marxistes ou libéraux. Retrouver la philosophie jauressienne, cela revient donc à mener le combat contre le collectivisme et contre le matérialisme. Cette évidence devrait en surprendre plus d'un...
A cela s'ajoute le fait que, pour Jaurès, la "révolution" ne peut être réduite à un bouleversement économique. La morale et la religion y ont leur part -décisive. Pour lui, politique et mystique ne sont pas séparables. Ce mouvement intellectuel vient ainsi nous rappeler que "la chose publique" ne saurait être assignée à une technologie du pouvoir aux mains des importants et des habiles. Il lui faut, au contraire, s'enraciner dans l'existence et la féconder afin de lui donner un sens. C'est à cette condition qu'elle retrouvera la dignité et la légitimité qui lui sont, aujourd'hui, si fortement contestées.
D'où cet ouvrage, dans lequel Vincent Peillon s'efforce - en tant que philosophe et socialiste - de raviver une pensée fondatrice et trahie.