Jean-Michel Reynard. Une parole ensauvagée
Par la
force de l'oeuvre autant que par la discrétion de l'auteur, la place qu'occupe Jean-Michel
Reynard dans la poésie française contemporaine demeure exceptionnelle
et est appelée à confirmer sa singularité. De son vivant, il aura publié une dizaine
de recueils de poésie, quelques essais et quelques proses. Son dernier livre posthume,
L'Eau des fleurs, est un véritable chantier qui autorise une lecture rétrospective
de l'ensemble de l'oeuvre pour discerner ce qui était pressenti de longue
date. Comme l'écrit Gilles du Bouchet, Jean-Michel Reynard «s'est certainement
éprouvé, très tôt, captif, plutôt qu'amoureux du langage, dont il aurait entrepris à
travers mille poèmes de s'affranchir comme pour briser un huis-clos, en rendant
aux mots, tout aussi bien leur autonomie, sans renoncer pour autant à élaborer, à
identifier, mais avec une précision cette fois qui serait celle de ces mots en liberté
(de ce "phrasé souverain"), de cette phrase au débit imprévisible, au tracé ouvert.
Comme si écrire c'était ouvrir la grande volière des mots et qu'à partir de là seulement
quelque chose pouvait et devait se penser.» Ce volume porte témoignage
aussi bien de l'homme que de sa parole par ceux qui l'ont côtoyé de très près et
l'ont accompagné dans le développement de son oeuvre.