Dans nos pays d'Europe et de vieille chrétienté, la question de l'étranger, de l'immigré et du réfugié se fait chaque jour plus pressante. Ainsi que le souligne Enzo Bianchi, elle ne peut se satisfaire de réponses convenues, qu'elles soient politiques ou autres.
Aux chrétiens d'Europe, le Prieur de Bose rappelle avec force que les chrétiens se sont toujours compris eux-mêmes comme « pèlerins et étrangers » dans l'histoire, et jusque dans leurs patries. Cette dimension d'« extranéité » est ce qui devrait prédisposer les croyants d'aujourd'hui à aborder autrement l'étranger. Aux textes de la grande tradition patristique et du Nouveau Testament, Fauteur joint la voix de l'Ancien Testament, qui engage le peuple d'Israël à ne jamais oublier qu'il fut lui-même un étranger. L'épisode de l'accueil par Abraham des trois visiteurs aux chênes de Mambré est ainsi la parabole de ce qui se joue dans toute hospitalité - et notamment chrétienne, car même dans la proximité de son Christ, Dieu se révèle comme étranger.
L'« extranéité », poursuit Enzo Bianchi, est également, et de manière non moins radicale, une dimension constitutive de tout homme : l'étranger est en effet toujours aussi en nous. S'il y a, dès lors. à rencontrer celui qui vient d'ailleurs, c'est parce que les hommes sont tous étrangers, à eux-mêmes et aux autres, et appelés à s'accueillir.