Ce que nous vendons à Coca-Cola c'est du temps de cerveau humain disponible.
Chloé Delaume a voulu comprendre en quoi consistait la mise en
disponibilité mentale des téléspectateurs. Durant 22 mois, du lever au
coucher, elle s'est faite «sentinelle» de la télévision, devenant son propre
sujet d'étude, se soumettant aux flux de messages médiatiques et
publicitaires, ingurgitant le maximum de programmes de divertissement,
téléréalité surtout, pour en ramener «des informations du réel». À travers
cette expérience limite, la narratrice décrypte sa mutation en cours :
cerveau et corps se modifient inéluctablement. Quand l'humain n'est plus
qu'un outil au service de «la fiction collective».
J'habite dans la télévision est un puzzle où chaque pièce pullule de
références, de propos télé-rapportés, appliquant au discours du neuro-marketing
une grille de lecture singulière, dont la lucidité a parfois des
accents paranoïaques. L'humour de Chloé Delaume sédimente ce texte et
invite chacun à s'interroger sur la marge de manoeuvre de son libre arbitre.