«Dites-vous bien, chers lecteurs, qu'en ce bas monde, rares sont
les moines éminents dont la conduite est vertueuse et qui
demeurent assis en méditation sans se laisser troubler.
Quand les moines virent combien la jeune veuve était coquette,
ses charmes leur restèrent gravés dans l'esprit. Lorsqu'ils revinrent
après avoir pris leur repas de midi et fait la sieste au temple,
la jeune femme était occupée à boire et s'amuser avec Ximen
Qing. Or la chambre à coucher n'était séparée de la salle où se
déroulait la cérémonie que par une simple cloison de bois. Le
premier arrivé était allé se laver les mains dans le bassin sous la
fenêtre de la jeune femme. Tout à coup, il perçut le crissement
de secousses, le souffle de doux soupirs, des halètements, gémissements
et petits cris étouffés comme si l'on s'y donnait du bon
temps. Sur ce, feignant de poursuivre ses ablutions, il resta
planté là à prolonger son écoute un bon moment. Il entendait la
femme murmurer d'une voix rauque :
"Chéri, arrête de frotter à la porte ! Tu en as encore pour longtemps
? J'ai peur que les moines ne nous entendent ! Grâce,
grâce ! Dépêche-toi donc de lâcher !
- Ne sois donc pas si pressée ! Je voudrais encore chauffer un
peu le couvercle !" répliquait Ximen Qing.»