Théoricien de la démocratie, pionnier de l'instruction obligatoire et
figure majeure de la littérature écossaise, John Knox est l'instaurateur
du calvinisme en Écosse et aussi un des premiers artisans de l'union
de son pays avec l'Angleterre. L'existence dramatique de ce clerc
d'humble origine se déroule sous le signe de l'opposition et du
combat. Il entre en scène l'épée à la main, accepte contre son gré la
vocation de prédicateur dans une forteresse assiégée, passe dix-neuf
mois aux galères, prêche à la soldatesque comme à la cour, échappe
aux tueurs et au bûcher et, même exilé, il est encore obligé de fuir. Il
se marie en dépit de la belle-famille, invente l'agit-prop depuis la
France, transforme une émeute en révolution, dresse contre lui trois
reines, en fait pleurer une, organise la démocratie dans l'Église
d'Écosse, épouse à cinquante ans une héritière de dix-sept, survit à
une guerre civile, meurt et devient un mythe tantôt vénéré, tantôt
détesté.
Pourtant, il avait choisi l'effacement et la vie intérieure, et c'est de
sa spiritualité que se nourrissent ses combats pour la réforme de
l'Église, mais aussi contre la tyrannie, la corruption et l'ignorance.
Les idoles qu'il combat ne sont pas seulement les dogmes controversés,
mais les prétentions de l'orgueil et de l'égoïsme chez les grands
comme chez les humbles. Maintenant qu'ont prévalu ses principes de
justice et d'égalité, c'est surtout par son expérience spirituelle qu'il
touche le lecteur croyant ou non et qu'il atteint à la permanence de la
foi qui, selon lui, constitue l'Église dans son développement historique
depuis Abraham et les Prophètes. Sa connaissance des hommes,
son expérience de la souffrance et son courage, malgré sa faiblesse ou
grâce à elle, en font un des réformateurs les plus attachants.