Les activités ludiques - dés, jeux de pions, cartes - sont l'un des passe-temps du soldat, et, au-delà de la récréation, la re-création fait partie des obsessions des officiers : ils étudient ainsi, par le wargame - cette combinaison de jeu, d'histoire et de science -, les campagnes du passé afin de se former à la conduite de la guerre à toutes les échelles, celle de la compagnie, de la division ou de l'armée.
C'est au XVIIIe siècle, en Allemagne, que naissent ces premières tentatives de se projeter dans le futur par une meilleure compréhension du passé. Chercher des invariants et des tendances lourdes par le biais d'un jeu reproduisant le « choc des volontés » cher à Clausewitz, c'est dégager des principes généraux de la guerre, et intégrer le grand absent de la pensée militaire classique : l'imprévu. Antoine Bourguilleau se propose d'étudier l'histoire des jeux de simulation sur la longue période, comment ils se sont créés et ont été développés, comment ils ont été reçus, compris, utilisés, et ce qu'ils sont aujourd'hui.