Il y a le talent - cette explosion selon René Fallet - et le « savoir-faire » qu'on apprend à l'école ou à l'établi. Il avait les deux, une prédisposition au talent que la passion pour l'écriture amena à son meilleur niveau.
Il y a la vie et il y a le « savoir-vivre » qui ne signifie pas la vie avec un mode d'emploi mais, pour René Fallet, l'expression d'une hypocrisie généralisée à laquelle il tourne résolument le dos.
La littérature lui tient lieu de savoir-vivre. Grave erreur de sémantique. D'après ses propres notes, il se déchire avec entrain à tous les barbelés que crée son imagination, il s'ennuie mortellement entre deux pages et s'ennuie déjà moins quand il écrit qu'il s'ennuie. Son goût pour la chose écrite avec grâce, quel qu'en soit le sujet, littéraire, poétique, vélocipédique, footballistique ou halieutique, occupe une grande partie de son temps mais il s'ennuie dès qu'il lève les yeux de son pupitre. Alors, il tombe amoureux, et, croyant vivre un grand amour, il se prépare de tout son coeur à survivre dans ses décombres.
Bref, il ne sait pas s'y prendre avec la vraie vie et ce n'est pas pour rien qu'il écrit en lettres géantes sur le mur de sa chambre « La vraie vie est absente ».
Paradoxalement, rien ne ressemble plus à la vraie vie que ces 450 pages de littérature singulière, inconvenante, surprenante et si parfaitement honnête...