Ce premier volume se consacre aux années de jeunesse de Patrice Chéreau, de sa première mise en scène en 1963 (L’Intervention de Victor Hugo) à la création du Prix de la révolte au marché noir au Théâtre de la Commune à Aubervilliers en 1968. Pendant ces cinq ans, le lecteur suivra les réflexions du metteur en scène depuis ses débuts dans le groupe théâtral du Lycée Louis-le-Grand au Festival d’Erlangen (1963-65), de Gennevilliers à Sartrouville (1966-69). Devant cette œuvre monumentale aux fabuleux travaux préparatoires, conservés à l’IMEC, il a fallu renoncer à l’exhaustivité. Voici une sélection de notes, restituées chronologiquement, dans lesquelles le metteur en scène pense son travail, analyse une pièce, cherche son geste et évoque ses collaborations. Dès ses premières mises en scène, Patrice Chéreau prend l’habitude de dater ses notes, couchées à la hâte, le plus souvent sur des feuilles volantes qu’il émaille de nombreux croquis. On y lit qu’il travaille simultanément sur différents projets, que l’artiste change de paradigme médiatique, pensant d’abord le théâtre avec la grammaire de la peinture avant de lui préférer celle du cinéma. En parcourant ces écrits et ces dessins, c’est la pensée, la définition de l’esthétique, le discours sur le monde du metteur en scène et les questions politiques de son temps qui apparaissent au lecteur. Ces écrits sont aussi la trace de ses lectures marxistes à partir desquelles il analyse les œuvres littéraires et les rapports de forces dans les sociétés. On y retrouve enfin l’admiration de Patrice Chéreau pour Bertolt Brecht et le Berliner Ensemble, sa tentative d’un théâtre militant à Sartrouville qui précède un intérêt marqué pour la troupe américaine du Bread and Puppet Theatre.