Journal d'un mâle poli
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Je suis un homme, je suis le Mâle Poli, j'ai débuté ce journal un matin d'avant le Printemps 2016, je dévorais Henry Miller, je n'avais toujours pas passé mon permis, j'approchais dangereusement de la cinquantaine, je devenais poivre et sel à certains endroits, je ne connaissais aucune amie qui avait songé à balancer son porc. J'avais eu recours à ce journal car je ne voulais pas rompre avec le bonheur, de vivre, de lire, d'écrire. Je ne vapotais pas, mes amours oscillaient entre l'expression de la nervosité, la douleur enfouie et la sujétion aux corps enhardis. Puis, un soir où le quartier de Montparnasse brassait son ventre et son esprit, mon éditeur décida de publier le premier volume de ce journal. Je l'ai poursuivi avec la même ténacité, convoquant l'époque et sa folle démesure, son incivilité et son désarroi, je flirtais avec cet exercice prodigieux : livrer un homme quinquagénaire aux femmes de toutes les conditions et aux hommes de toutes les hypothèses. Je ne suis pas devenu un mâle adroit, ni un mâle luné, je suis resté ce Mâle Poli, car finalement écrire, c'est se livrer corps et âme à l'absence de temps.