
À partir d’un corpus de plus de mille lettres adressées de 1778 à 1795 par un avocat parisien, Adrien Colson, à son ami Roch Lemaigre résidant dans le Berry, Timothy Tackett fait revivre le Paris de la Révolution. Sexagénaire sans prétention, instruit mais issu d’une modeste famille d’artisans provinciaux, devenu par ses études et son labeur l’agent de nobles de petite qualité et d’une famille de marchands de vin auxerrois, logé et exerçant au cœur des quartiers populaires de la ville, entre le Châtelet et l’Hôtel de Ville, Adrien Colson fait le lien, par sa situation, entre le monde de la bourgeoisie et de la petite noblesse, d’une part, et les milieux ouvriers citadins, d’autre part. Proche des insurgés, il est aux premières loges lors des barricades, mais, en même temps, il défend les intérêts de la classe privilégiée qui l’emploie. Sans jamais avoir été un meneur, ni un acteur de premier plan sur la scène politique, Colson nous permet par ses mots, et par la lecture qu’en fait Timothy Tackett, d’observer le travail accompli par l’histoire au cœur même d’un destin individuel.
En convoquant la correspondance de Colson, Timothy Tackett donne à voir la vie de la capitale, à un moment crucial de son histoire et de l’histoire de la nation, soulignant tout particulièrement dans son enquête le rôle de la rumeur et de la peur qui poussent les citoyens ordinaires à la radicalisation. Paris est observé à l’échelle de l’individuel et du quotidien : de l’appartement, du pâté de maisons, du quartier, fragments aujourd’hui disparus d’une ville, colossale à l’échelle européenne, parcourue à pied par un homme d’âge mûr, que l’accélération des temps fascine.
Nous publions uniquement les avis qui respectent les conditions requises. Consultez nos conditions pour les avis.