La confrontation des écrits artistiques et
musicaux de Jean-Jacques Rousseau se
révèle féconde en ce qu'elle permet d'observer
avec précision, à travers l'esprit
d'un intellectuel du siècle des Lumières, la
manière dont la musique peut être pensée
et vécue, pour devenir finalement l'aune à
laquelle tous les arts sont appréciés. Posé
tout d'abord comme référent, l'objet musical
soumet en effet, dans le discours de
Rousseau, les autres arts à l'épreuve de
sa propre spécificité ; pensé encore comme
modèle d'une conception particulière du
beau, il fournit l'instrument d'une appréciation
des autres disciplines, met en jeu leur
propre statut et leur ordonnance hiérarchique.
Ainsi, bien plus qu'une pratique,
l'art musical devient, pour Rousseau, une
norme esthétique, autorisant que des arts,
il juge en musicien. Exprimé avec conviction
dans ses écrits musicaux (principalement
le Dictionnaire de musique et l'Essai
sur l'origine des langues), ce parti fédère
par ailleurs plusieurs de ses oeuvres littéraires,
biographiques et politiques. Par son
analyse, Marie-Pauline Martin propose
ainsi de relire certains écrits du philosophe
à la lumière d'un enthousiasme, et même
d'une foi absolue, en l'effet moral de la
musique.