Le 28 octobre 1965, l'Église catholique opérait une véritable révolution.
Par la déclaration Nostra Aetate, elle affirmait avec force le lien de
parenté entre les chrétiens et le peuple juif. Une telle affirmation venait
bouleverser deux mille ans de défiance judéo-chrétienne et inaugurer,
après le temps du mépris, celui de l'estime.
Alors que l'Église s'est jadis considérée, à tort, comme le «vrai Israël»,
revendiquant une sorte de monopole de la révélation divine, elle ne
cesse depuis cinquante ans d'insister sur son héritage juif. C'est sur le
sens et sur les promesses de cette amitié retrouvée que s'entretiennent
Pierre d'Ornellas, archevêque de Rennes, et Jean-François Bensahel,
président de l'Union libérale israélite de France. Ils ne cherchent pas
à réduire les différences ni à gommer les particularités. Mais, soucieux
de mettre en oeuvre l'«altérité du dedans» qui les réunit, ils dialoguent
en frères jumeaux.
Aujourd'hui, nombre de conflits semblent obéir à des raisons religieuses,
et le monde paraît submergé par les fondamentalismes. Faut-il les
laisser gangrener l'humanité ou, au contraire, chercher à promouvoir
l'entente et le dialogue ? La rencontre entre Jean-François Bensahel
et Mgr d'Ornellas est capitale. Bien plus qu'une simple discussion,
elle est traversée d'une évidente urgence : christianisme et
judaïsme forgent ensemble une arche de paix pour tous les hommes
et l'expression sereine de leur diversité. Plus qu'un voeu pieux,
un programme quasi politique.