À défaut d'avoir écrit ses Mémoires, Hitler a légué une série de textes
consacrés à sa personne privée et politique. Édités pour la première
fois dans une traduction fidèle, ces Propos se composent des notes
prises entre 1941 et 1944 au quartier général du Führer, dans un cadre
informel mêlant amis intimes et proches collaborateurs. Les harangues
consacrées à l'expansion du Reich y sont ponctuées de récits de jeunesse,
de considérations personnelles sur l'art, la culture, les femmes.
La traduction de François Delpla jette un éclairage nouveau sur ce
recueil. Les notes compilées ne font pas qu'égrener les laïus délirants
d'un dictateur mégalomane. Elles participent de la matrice idéologique
du Troisième Reich, prolongeant Mein Kampf en un véritable traité de
philosophie despotique. Le Führer y construit sa légende, disséquée
à chaque page par le commentaire historique qui met à nu l'imposture
intellectuelle du «Mal» nazi. Parfois lucide, Hitler contrefait souvent
la réalité à dessein. Mais il laisse aussi entrevoir ses égarements, ses
obsessions et ses marottes.
Ce premier tome couvre la période de juillet 1941 à mars 1942. Durant
ces mois décisifs, la guerre devient mondiale. Le conflit s'engage sur le
front de l'Est, l'allié japonais multiplie ses frappes, les États-Unis sortent
de leur isolationnisme. Encore férocement optimiste, la parole hitlérienne
se rassure et se conforte dans son projet impérialiste, en même temps
qu'elle organise dans l'ombre la «Solution finale».