Depuis son entrée à l'Assemblée nationale en mai 1850, Eugène Sue siège sur les bancs de la Montagne. Dépourvu de stature politique, il reste silencieux mais manifeste une fidélité sans faille à son parti en l'accompagnant de ses votes. Arrêté lors du coup d'État, il est conduit à la prison du Mont-Valérien. Libéré dix jours plus tard, il se refuse à rester en France sous le nouveau régime bonapartiste. Il s'exile volontairement en Savoie, alors rattachée au royaume de Sardaigne, et s'installe à Annecy-le-Vieux où il travaille sans relâche par nécessité financière autant que par conviction politique. La reprise de la publication des Mystères du peuple en mai 1853 lui permet de clamer à nouveau haut et fort en épigraphe à chaque volume : « Il n'est pas une réforme religieuse, politique ou sociale, que nos pères n'aient été forcés de conquérir de siècle en siècle, au prix de leur sang, par l'Insurrection ». Il consacre dès lors l'essentiel de son énergie à la continuation et à la diffusion de cette vaste histoire nationale du peuple opprimé à travers les âges qu'il considère comme son oeuvre majeure.