A Nocquoÿ, charmante et fière province, la mairie et ses conseillers municipaux ont décidé d'honorer la mémoire et le centenaire de Jules Bouc, leur fameux poète mort dix ans plus tôt. Une statue équestre que l'on commande au sculpteur Dièze sera solennellement érigée. Et l'on va reconstituer l'unique plaquette des sonnets de Jules que la guerre a quasiment détruite.
La ville est en émoi d'abord, puis en ébullition pendant que Dièze conçoit son oeuvre dans le plus grand secret.
Pris au jeu, tout Nocquoÿ s'interroge, rivalise, se jalouse, se souvient, critique l'insaisissable génie venu se réfugier là après sa retraite d'obscur employé parisien.
Qui était vraiment ce Jules Bouc aussi fuyant qu'un nuage, une hallucination née peut-être d'imaginations trop pétillantes ? Car les natifs de Nocquoÿ, eux, sont bien charnels, grivois, et même paillards. A force de rêveries, de suppositions folles et de bavardages, ils finissent par réinventer un Jules Bouc qui serait le symbole intouchable de la liberté et de la grandeur.
Enfin le jour de gloire arrive. On se prépare à dévoiler au cours de la cérémonie d'inauguration la statue soi-disant équestre que Dièze s'était chargé de concevoir, mais la stupeur cloue le peuple des témoins rassemblés...
Insister sur la verve et la truculence que met Boulanger à nous rapporter cette histoire est chose superflue. Une fois de plus le romancier se laisse mener par son humour décapant à l'égard d'une masse de personnages qu'il a su, comme dans chacun de ses livres, observer, respecter et surtout aimer.