D'avril à juillet 1994 le Rwanda vit l'horreur. Un
gouvernement en place, composé d'extrémistes hutus, a décidé
d'éliminer la minorité tutsie. Cela s'appelle un génocide.
Mais il faut attendre juin 1994 pour qu'enfin la communauté
internationale qualifie en ces termes les massacres du Rwanda.
Pourtant les plus hautes autorités américaines, françaises,
anglaises et belges, ainsi que le Secrétaire général des Nations
unies, sont informés de la préparation et de l'exécution du
crime. Tout ce monde se refuse à l'action.
Et lorsqu'en novembre 1994 ces acteurs mettent sur pied le
Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), ils songent
bien à lui interdire d'examiner leurs responsabilités dans le
drame rwandais, avant de l'abandonner ensuite, au point qu'il ne
fait la une des médias que pour les scandales qui marquent ses
premières années d'existence. Bientôt mieux doté, le TPIR doit
affronter les foudres du nouveau pouvoir de Kigali, décidé à lui
interdire certains terrains d'enquête. De sorte que, plus d'une
décennie après sa création, il n'a que très laborieusement
accompli une mince partie de sa mission.
C'est en définitive une justice internationale politiquement
très encadrée qui s'exerce à Arusha et dont les succès sont
moins nombreux que les impasses auxquelles elle fait face. Il
convenait d'en faire la chronique.