Tardivement découverte en Europe ou aux Etats-Unis, son
imposante filmographie débute dès 1961. Elle comporte des
travaux de commande mais aussi des films très importants tels que
Hommes, porcs et loups, la série Combat sans code d'honneur, Sous
les drapeaux l'enfer ou Le Cimetière de la morale.
Derrière leur ancrage dans divers genres (yakuza eiga,
chambara) et leur modestie apparente, ces oeuvres de rupture
révèlent un cinéaste inventif et audacieux, fortement marqué par
les ruines de la guerre, par l'après Hiroshima et Nagasaki. Sa
démarche artistique, souvent très iconoclaste, est parfois
comparable à celle d'un Shoei Immamura dans L'histoire du Japon
racontée par une hôtesse de bar.
A sa manière, le cinéma de Kinji Fukasaku porte un regard très
critique sur le présent et le passé de son pays, sur une société qui
pratique la fuite en avant dans la consommation effrénée. Et ceci,
jusqu'à Battle Royale (2000), brûlot incendiaire tourné par un
homme de 70 ans retrouvant l'énergie et la rage de sa jeunesse, et
qui atteindra un public renouvelé à l'échelle mondiale.
Cet essai constitue la première monographie entièrement
consacrée à Kinji Fukasaku en dehors du Japon.