La Bataille d'Alger raconte un épisode réel de la guerre d'indépendance algérienne : la traque par les parachutistes français des membres du FLN dans la Casbah d'Alger en 1957. Le film se focalise sur Ali la Pointe, jeune voyou devenu héros populaire, mort avec trois autres jeunes militant.e.s algérien.ne.s dans le plasticage par l'armée d'une maison de la Casbah le 8 octobre 1957, et sur Yacef Saâdi, chef de la Zone Autonome d'Alger du FLN, qui joue son propre rôle. Pontecorvo met aussi en scène les actions des parachutistes, leur pratique intensive de la torture et leur avancée dans la déstructuration du réseau algérois du FLN. Dans ce film d'une grande force visuelle et sonore, le cinéaste italien Gillo Pontecorvo invente un « néoréalisme algérien » : avec une esthétique aux frontières du documentaire, il fabrique un film à la gloire du FLN et de ses militants, tourné trois ans seulement après l'indépendance. Basé sur les souvenirs de Yacef et produit par lui (avec de l'argent de l'État algérien), le film donne à voir l'image idéalisée d'une population algérienne unie dans la lutte anticolonialiste. Soutenu par une splendide musique originale d'Ennio Morricone, Pontecorvo réalise un film nuancé sur le colonialisme, mais aussi sur le terrorisme. Il participe ainsi à construire la légende de Yacef, mais surtout de la guerre révolutionnaire. Peu diffusé en France, le film a reçu de nombreux prix internationaux et a depuis 1966 été montré et analysé par plusieurs mouvements révolutionnaires comme les Black Panthers ou l'IRA, mais aussi par le Pentagone afin de mieux comprendre le fonctionnement d'une guerre révolutionnaire.