« La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe« , disent certains... et d'autres répondent que « les mots peuvent blesser » ! Voici à quoi ressemblent les débats sur la liberté d'expression, à laquelle nos sociétés accordent tant d'importance : à des querelles de cour de récréation.
Or il y a urgence à réfléchir pour de bon à la liberté d'expression et à ses limites. Depuis quelques années, celle-ci est embrigadée dans une croisade conservatrice : conquise autrefois contre les empiétements de l'État, des institutions et de la morale dominante sur les droits individuels, elle est désormais systématiquement brandie contre les minorités sexuelles et raciales : en somme, contre tout ce que l'on a coutume d'appeler le « politiquement correct ».
La liberté d'expression est devenue l'argument favori des plus privilégiés. On ne doit pas s'y résoudre : à travers des exemples variés (blasphème, humour, négationnisme, discours racistes, pornographie...), Denis Ramond prouve dans cet ouvrage ambitieux que l'on peut défendre une conception large et exigeante de la liberté d'expression qui ne se réduise pas au droit d'écraser les plus vulnérables.