James Collins, historien américain spécialiste de la France moderne,
fournit ici une analyse très stimulante de la société bretonne des XVIe et
XVIIe siècles. Étudiant successivement l'économie, la société et les institutions
bretonnes, il donne une interprétation renouvelée du mode d'intégration
du duché de Bretagne au royaume et des relations entre cette province, à
la personnalité affirmée, et la monarchie des derniers Valois et des premiers
Bourbons.
La Bretagne et plus largement la France des XVIe-XVIIe siècles apparaissent
comme des sociétés beaucoup plus instables et mouvantes qu'on ne l'a cru
jusqu'ici. L'absolutisme existe davantage en théorie qu'en pratique. La
Couronne et les élites provinciales, noblesse en tête, font des compromis
mutuellement profitables pour assurer leur mainmise conjointe sur la société
bretonne. Dans ce cadre, J. Collins éclaire les rapports de domination entre les
différentes catégories de la population, à travers l'étude des prélèvements
seigneuriaux et fiscaux. Un ordre nouveau s'élabore, non sans conséquences
sur des structures de base comme le lien entre famille et individu, le rôle de
la femme ou la propriété. L'ordre public demeure cependant fragile et les
tensions qui traversent la société bretonne débouchent en 1675 sur les révoltes
du Papier Timbré et des Bonnets Rouges, attentivement scrutées par l'auteur.