La crise historique qui nous affecte n'est pas seulement économique, mais humaine en ce qu'elle vise directement la « vie nue » des hommes et des femmes qui travaillent sous l'hégémonie brutale du capital. Qu'on en attribue la cause aux prêts subprime, aux endettements ou aux outrances de l'économie financière qui auraient intoxiqué l'« économie réelle », il n'en reste pas moins que toutes les solutions ponctuelles adoptées jusqu'alors, qui ont mobilisé ce qu'il restait des organismes publics au chevet du secteur privé, n'ont fait qu'amplifier la crise ou la déplacer.
Pour Christian Marazzi, la crise prend sa source non pas dans le dérèglement d'un système de production de richesse amorcé avec l'industrialisation du siècle passé, mais dans le principe même de ce système, en tant qu'il est fondé exclusivement sur l'extraction de profit de n'importe quelle activité, s'acharnant sur ceux qui n'ont précisément que leur vie à lui offrit. Dès lors il s'agit de mettre en place des stratégies et des mesures géomonétaires et géopolitiques afin de « prendre soin de soi et de l'environnement dans lequel on évolue, de favoriser une croissance socialement responsable ».