Le rôle des Catalans et de la Catalogne dans l’arrivée des cartes à jouer en Europe au XIVe siècle paraît avoir été décisif. Les marchands barcelonais ont profité de leurs échanges commerciaux avec la partie orientale de la Méditerranée, qualifiée alors de « lac catalan », pour faire découvrir à leurs contemporains ces nouveaux objets aussitôt baptisés « naips ».
La précocité des cartiers catalans, barcelonais mais aussi perpignanais, n’est donc pas pour surprendre. Cela se traduit par un « âge d’or » qui s’épanouit durant tout le XVe siècle. Si les références concernant les fabricants barcelonais sont étonnamment pauvres, il en va tout autrement pour leurs homologues nord-catalans. Ainsi apprend-on que les premiers cartiers répertoriés à Perpignan sont des représentants de la communauté juive de la ville, convertis durant l’année 1416.
Les échanges entre fabricants des deux principales villes de Catalogne vont s’avérer très fructueux au point de faire de Barcelone et Perpignan deux villes cartières incontournables en Europe.
C’est durant cet « âge d’or » que les cartes fabriquées en Catalogne vont acquérir peu à peu une spécificité qui va perdurer jusqu’à nos jours. Les joueurs actuels de truc, flor, ou autres jeux catalans, utilisent toujours ces « cartes catalanes » qui sont les héritières directes de celles qui étaient fabriquées dès la fin du XIVe siècle.
Un net déclin s’amorcera au début du XVIe siècle, la fabrication des cartes à jouer devenant le fait des cartiers français qui exerceront alors un véritable monopole dans toute la péninsule ibérique.