Un vieil instituteur du Pays Bigouden me confiait récemment : « Ce qui se passe à l?Est me rappelle une parabole de mon enfance.
La ?chienne du Monde?, c?était, jadis, en Bretagne, la Misère. Elle s?abattait sur vous et ne vous lâchait plus jusqu?à la mort.
Et puis, voilà qu?un beau soir, alors qu?elle paraissait devoir nous quitter, on entendit un cri bizarre, le miaulement sinistre d?une bête à tête de chien. La ?chienne du Monde? qu?on croyait morte avait mué : elle renaissait sous la forme hideuse d?un croisement raté mais viable, la ?chienne qui miaule?.
Vos enfants vivront ce que j?ai vécu dans mon enfance. Vous aurez des hybrides génétiques : le Marché plus le Plan? ou encore le ?socialisme de marché?, l?alchimie des contraires, la ?chienne qui miaule?, le zébre idéologique.
Après le socialisme réel, vous aurez la social-démocratie ; après l?internationalisme prolétarien, le mondialisme ; après le matérialisme historique, le matérialisme sous vide.
Bien sur, il y a loin de la ?chienne du Monde? à la ?chienne miauleuse? : la social-démocratie n?est pas mortelle. Simplement elle vous laisse des plaies galeuses. En faisant mine de s?attaquer à tout le monde, elle multiplie ce qu?on appelle les ?petites misères? et dépenaille les plus pauvres? »
Tard venu au pouvoir, François Mitterrand s?est fait de la France une certaine idée de la Suède, là est son drame. Au moment où l?histoire se remet en mouvement et qu?il faudrait quitter les charentaises, il propose aux Français une politique de géronte blasé.
Et pourtant, chacun sent bien que l?avenir est ailleurs, que nous avons d?abord besoin de morale, de racines et d?identité, de valeurs, de vérité et d?espérance.
Il ne faudrait pas que, demain, aux limites de l?infini, l?homme devienne un produit fini.
Philippe de Villiers