Rudyard Kipling (1865-1936)
"Nous sommes, tous tant que nous sommes, des pionniers, des Barbares, nous autres qui habitons au delà du Fossé, dans les ténèbres extérieures du Mofussil.
Il n’y a ici rien qui ressemble à des commissaires, à des chefs d’administration et il n’existe dans l’Inde qu’une Cité.
Bombay est trop vert, trop joli, a des détours trop compliqués et il y a si longtemps que Madras est défunt.
Tirons notre chapeau devant Calcutta, la ville aux multiples facettes, enfumée, magnifique, lorsque nous passons en voiture sur le pont de l’Hughli, à l’aube d’une calme matinée de février.
Nous avons laissé l’Inde derrière nous à la gare d’Howrah, et maintenant nous entrons en territoire étranger.
Non, pas tout à fait étranger.
Disons plutôt trop familier.
Tous les hommes d’un certain âge connaissent l’irritation que cause le sentiment qu’on est en cage.
Une illustration du Graphic – une portée de musique ou les propos légers d’un ami qui arrive du pays, peuvent la faire flamboyer – cette sensation qui a sa source dans ce que nous savons de notre paradis perdu de Londres."
Rudyard Kipling, au temps où il prenait ses congés de journaliste, fut un grand voyageur devant l’Éternel. Le présent volume se compose du récit de deux de ses promenades de globe-trotter. Dans la première, il visite Calcutta, la cité de l’épouvantable nuit, et en décrit les bouges. La seconde nous conduit jusqu’à Hong-Kong. (Albert Savine)