La CNT dans la révolution Espagnole
À la demande de la CNT (Confédération nationale du travail) en exil, José Peirats (1908-1989) - ouvrier briquetier, militant anarcho-syndicaliste dès ses plus jeunes années puis collaborateur de la presse confédérale - fut chargé de rédiger l'histoire de l'organisation, de sa naissance jusqu'à la fin de la guerre espagnole. Une décision courageuse, alors que la centrale anarcho-syndicaliste était fragilisée par une scission en exil et dans l'Espagne franquiste, et que la répression des services secrets du régime ne ménageait ni l'une ni l'autre.
Bien que n'étant pas historien de profession, José Peirats prit à coeur la demande et se lança dans un travail de longue haleine. Pour ce faire, il recueillit de nombreux documents, consulta maints protagonistes directs des événements, puis, au début des années 1950, il conçut et rédigea son ouvrage. Comme il le dit lui-même dans ses introductions aux deux premières éditions du livre, il imaginait pouvoir embrasser en un seul volume tous les aspects de l'histoire de la centrale ouvrière anarchiste.
Son effort accoucha finalement des trois tomes de La CNT en la revolución española, qui parurent entre 1951 et 1953, et - de l'aveu de l'auteur lui-même - ne furent guère lus hors des milieux cénétistes. C'est avec sa réédition, en 1971, par les soins de la prestigieuse maison d'édition antifranquiste Ruedo Ibérico que le livre de José Peirats devint un ouvrage de référence, indispensable à tous les lecteurs soucieux de connaître le rôle de l'anarcho-syndicalisme durant la guerre civile espagnole du point de vue de l'un de ses militants. Un ouvrage dont, faisant fi de la froide objectivité issue de la consultation des « fiches bibliographiques », l'auteur revendiquait le caractère délibérément partisan.
Il était bien temps que, plus de soixante ans après sa première parution en langue castillane, les lecteurs français puissent enfin lire ce grand classique de l'historiographique anarchiste de la guerre et de la révolution espagnoles. Nous sommes convaincus que, en dépit du passage des années, ils en tireront le plus grand profit.