Préoccupation intense de l'époque contemporaine, l'exclusion sociale apparaît comme un sujet plus dramatique encore dans les sociétés anciennes, que l'on se représente plus volontiers fondées sur la communauté et la solidarité. L'existence du sujet exclu pourrait même y paraître impossible, tant les liens à la communauté ou au référent divin semblent essentiels. Les sociétés de L'Antiquité tardive et du haut Moyen Age se caractérisent en effet par l'existence de multiples communautés, plus ou moins fortement intégratives, qui s'enchevêtrent, se superposent, s'opposent.
Si la notion d'individu peut sembler contestable pour ces périodes, la personne ou le sujet s'y expriment sans conteste. L'exclusion, état extrême qui permet de mettre à nu le sujet dans sa tension avec la communauté, est un observatoire privilégié pour saisir comment se (re)construisent statut et intériorité de la personne. Les quatorze contributions rassemblées dans ce volume, issues d'un colloque tenu à l'Université de Padoue, interrogent les traces et les conséquences de l'exclusion aussi bien dans les sources textuelles qu'archéologiques, du IVe au XIe siècle. Elles montrent en particulier comment discours et pratiques de la justice ou des institutions chrétiennes peuvent marquer le statut ou le corps du sujet, et comment celui-ci réagit face à l'exclusion, quitte à faire de celle-ci un élément revendiqué de son identité.