La Course est un texte sur la transformation qu’entraînent les processus migratoires, collectifs ou individuels. Le délicat sujet de la migration y revêt un traitement singulier parce que les protagonistes y sont des héros. En outre, l’originalité tient dans l’environnement sportif qui constitue le contenant de ce déplacement : un jeune Africain, choisi par un grand maître sportif, arrive en Europe pour transmettre force et vigueur dans ce nouveau monde.
Une certaine ambiguïté structure le texte. En effet, a priori, nous nous trouvons dans une chambre d’hôtel en Allemagne, en présence d’un grand athlète, le maître, et de son jeune disciple, Ismaël. Ensemble, ils vont concourir aux jeux Olympiques dans l’espoir d’une course exceptionnelle. Mais voilà, le maître a fait venir une poétesse qui a pour mission de les accompagner dans cette passation initiatique. Les poussant au-delà de leurs propres limites, elle fait resurgir des images ancestrales et un souffle souverain en eux.
Espaces et temps s’étirent et se relativisent à la fois, dessinant un palimpseste dramatique et poétique. L’explosion du réel qui clôt ce récit marque un commencement, une renaissance du monde indispensable à la survie de l’espèce humaine. Passé et présent y occupent le même lieu, celui de la parole.