La crise de la zone euro a provoqué une chute sans précédent
de l'activité et de l'emploi dans beaucoup de pays : Espagne,
Portugal, Grèce, Irlande ; elle menace désormais l'Italie et la
France. Elle implique les États, les banques, les entreprises et les
ménages, les investisseurs institutionnels. Elle inquiète les États-Unis,
la Chine. Comment en sommes-nous arrivés là ? Et quelles
solutions durables peut-on envisager ?
La crise - et cela est mal connu - est avant tout une crise des déficits
extérieurs et des dettes extérieures liées à l'hétérogénéité croissante
de la zone euro. Certains pays, qui se sont fortement désindustrialisés,
n'ont plus la capacité d'équilibrer leurs comptes extérieurs et
n'arrivent plus à se financer. Loin de corriger ces déséquilibres, les
gouvernements et les autorités européennes ont commis des erreurs
d'appréciation et adopté des remèdes inadaptés. L'obsession de la
rigueur a conduit à de graves crises politiques et sociales.
Pour sortir durablement de la crise, la zone euro a besoin de nouvelles
institutions. Sans fédéralisme, l'hétérogénéité reste insupportable,
car elle ne peut être corrigée que par un profond appauvrissement
des pays en difficulté. Le retour inévitable des crises de liquidité
nécessite aussi la création d'un mécanisme de soutien fondé sur la
création monétaire.
L'Europe est à un tournant de son histoire ; mais les débats présents
montrent que ces évolutions institutionnelles ne sont pas acceptées
de tous.