La danse sacrale
Ce roman, le dernier qu'Alejo Carpentier a pu achever, est
l'aboutissement de son oeuvre. Depuis des années, il composait, touche par touche, cette grandiose fresque historique qui devait retracer le vécu de toute une génération
de part et d'autre de l'Atlantique, depuis la guerre civile
espagnole jusqu'à la victoire de Fidel Castro.
Deux couples sont les étoiles de cette oeuvre conçue comme
un ballet : Vera, danseuse d'origine russe, et Enrique le
Cubain, d'abord ; puis Calixto et Mirta, élèves de Vera à
La Havane, lui est noir, elle est blanche.
L'aventure personnelle des protagonistes s'inscrit dans
l'histoire : la résistance cubaine à la dictature de Machado,
qui oblige Enrique à s'exiler en Europe, la guerre d'Espagne,
puis la Seconde Guerre mondiale, le régime sanglant de
Batista, qui provoque la révolte armée de Fidel Castro et
de ses guérilleros, la bataille de la baie des Cochons.
Baroque à souhait par l'évocation des fêtes où les riches
font congeler l'eau des piscines tropicales, lyrique et réaliste, le récit d'Alejo Carpentier est aussi une chronique de
la vie culturelle de toute une époque : Picasso et les surréalistes, Jean Cocteau et Django Reinhardt nous sont
contés de la même manière que les « bals nègres » de Paris
et la folle urbanisation de Caracas.