Élaboré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le concept français de « défense en surface » (maîtriser un territoire sur toute sa surface et non plus seulement à ses frontières) se veut tout d'abord une réponse à la vulnérabilité nouvelle des espaces nationaux face au danger aéroporté. Héritier du carroyage romain, du système colonial français comme des leçons apprises de la Résistance, il se forge également dans une période marquée par la crainte de la subversion communiste et par la hantise de la « Cinquième colonne » conçue dans le traumatisme de la défaite de juin 1940. Malgré plusieurs tentatives, la doctrine de défense en surface ne connaît que des applications limitées en métropole, mais sert de cadre à l'action des forces armées dans les conflits indochinois et algériens, jusqu'à ce que, marquée par le poids de l'idéologie et centrée sur la lutte contre la subversion intérieure, elle révèle ses dangers et conduise la Ve République à lui retirer sa dimension policière, au profit d'une conception purement opérationnelle de la maîtrise du territoire.